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Mutation intime de la peinture dans la vidéo numérique
Autor
Chiron, Éliane
Resumen
Depuis que je réalise des vidéos numériques, suis-je encore peintre? La vidéo fait à chaque fois revenir la peinture. Elle est hantée par des phrases: Les couleurs «font brûler mon cerveau» (Malevitch) et se voient «comme une cicatrice sur un visage » (Cennino Cennini). Dans une vidéo personnelle intitulée « Les Nageuses » (2011), comment ont muté la chair et le sang (de l’artiste), matières de l’art de peindre avec tout ce qui choit du corps? Comment tout ce qui dans les ténèbres telluriques, au fond des océans, se métamorphose, magma visqueux qui déferle en plis et fractures gigantesques, s’engouffre et jaillit à chaque seconde, s’accorde-t-il avec la définition de la peinture comme «tache» qui ressort sur le vivant (W. Benjamin)? Comment la description de la piscine par Merleau-Ponty, modèle selon lui de la quête des peintres, s’incarne-t-elle dans cette vidéo? Comment l’intime en art, apparu selon Daniel Arasse dans le tableau de la Renaissance, a-t-il muté dans « Les Nageuses »? Les références historiques seront nécessaires pour comprendre que peindre en étant contemporain suppose un contact intime avec la matière picturale, fut-elle produite par un code, sans craindre de s’y perdre. Car les codes du numérique sont issus des lois cosmiques et du cerveau humain. Nos muqueuses, organes, chromosomes, battements de coeur, viscères? Ce avec quoi en définitive on peint, en utilisant toutes les techniques d’un champ élargi de la peinture, , à seule fin que se déploie l’intime mutabilité de la couleur.