En ontologie particuliérement, est-il absurde et sans importance de déclarer concréte une idée abstraite? Depuis Bergson, beaucoup de modernes sont habitués á considérer qu'en tre notre esprit —qui fige et solidifie— et le monde de la matiére, fluide et mouvant, il y a divorce. Ce faisant, ils iprolongent dans un domaine particulier, la pensée de Suarez et de Scot: absurde, la prétention d'idées univoques á exprimer la structure métaphysique d'un concret analogue et multiforme; inimportante, á plus forte raison. Et cependant c'est la possibilité méme de l'ontologie qui est en jeu. Si les idées abstraites du réel en font abstraction, si le réel mental est un irréel ontologique, la déduction dialectique n'est qu'un fragile artifice, et toute la tentative métaphysique est logiquement condamnée á se réfugier dans un idéalisme solitaire ou un décevant empirisme, si religieux soit-il. La question posée est donc probléme des problémes. Comment dénouer une pareille nodosité? C'est ce que nous demanderons successivement á Suarez et Scot, puis á Saint Thomas. Puisque nous sommes en ontologie, nous chercherons particuliérement á dégager l'idée qu'ils se font de l'étre...