Comme un retour tenace, les images et les scimes d'une ceuvre théátrale comme La Croisade des enfants nous renvoient a la métaphore de la malédiction de la mémoire qui permet - comme !'exprime l'un de sespersonnages - de se souvenir de tout.De tout ? Oui, mais sans oublier 1' ancrage que cette totalité maintientavec les entrecroisements obligés du métissage, étant donné que noussommes tous constitués selon chacune de nos identités d' origine, comme1' explique Gruzinski en indiquant que « l'identité est une histoire personnelle, elle meme liée a des capad tés variables d' intériorisation ou de refus de normes inculquées. Socialement, l'individu ne cesse d'affronter une pléiade d'interlocuteurs dotés eux-memes chacun d'identités plurielles1• »Ainsi, ce rapport de synthese peut etre compris comme un paradoxe entre : la mémoire con<_;:ue comme une malédiction qui, cependant, peut etre considérée bénéfique, paree qu' elle permet de se souvenir de tout, et la commémoration d' une poignée de faits, d' expériences, de taches, de réalisations, voire de déceptions qui condensent certaines parties d'un tout complexe, dont les frontieres renvoient a ce qui est liminaire, en laissant entrevoir que « nos visions du monde sont des traductions du monde. Nous traduisons, la réalité [corrlme le rappelle Edgar 1-1orin] en représentations, notions, idées, puis théories ». Pour ajouter ensuite « qu'ilest désormais expérimentalement démontré qu'il n'y a aucune différence intrinseque entre l'hallucination et la perception2 ». C'est la l'idée centrale qui accompagne et donne son sens a tout ce texte, a la fois mémoire et programme d' études, développement universitaire etde vie quotidienne ; des notions qui possedent des spécificités propres, etgardent un líen inévitable fondé sur la vie elle-meme et, évidemment, imagination. Ainsi, si je veux produire le récit de mon parcours académique, je me verrais obligé d' en faire des colis et de les offrir, tel un colporteur. Avancer par bribes, présenter des fragments d'une histoire inachevée- ou, mieux, d'un devenir, construit sur les réseaux de ce qui est imaginaire, au sens de Castoriadis, qui le décrirait comme « création incessante et essentiellementindeterminée (socio-historique et psychique) de figures/formes/images apartir desquelles seulement il peut etre question de "quelque chose". Ce quenous appelons "réalité" en sont des reuvres3 ». Engagé dans les exigences formelles et signifiantes inhérentes aurapport de synthese pour l'Habilitation a Diriger des Recherches, en recourant a la mémoire et aux actualités d'un parcours académique, je reviens aussi a une expression que j' emprunte a u chercheur latinoaméricain Jesús Martín-Barbero. « On est ce qu'on écrit », affirme-t-il avec force, 1' écriture souffrant des vicissitudes que nous vivons et dont noussouffrons nous-memes, car elle est expression et expérience de la pensée et1' action intellectuelle.PFCHA-BecasDoctor en Artes136p.PFCHA-BecasTERMINADA